En 1827, Joseph PIROUX, instituteur, créait la première école de sourds-muets de Nancy pour les enfants, venant de toute la région Est de la France pour « leur procurer les bienfaits de l’instruction ». Il était convaincu que sortir l’enfant de son isolement, par l’enseignement scolaire, l’apprentissage d’une communication adaptée, l’accès aux soins et à une éducation à l’autonomie, favoriseraient son insertion dans le milieu ordinaire. Ainsi écrivait-il en 1827, dans son mémoire à la municipalité de Nancy : «si l’on procure aux sourds-muets de l’instruction,…on leur assure un bien-être, on les met en relation avec les hommes, on leur ouvre les trésors des sciences, on leur fait connaître leur nature et leur destination… ». Par cette déclaration, Joseph PIROUX établissait les fondements de notre mission institutionnelle. Bien sur, aujourd’hui la terminologie «sourds-muets» n’est plus adéquate puisque, dans les accompagnements mis en œuvre, l’apprentissage de la communication orale, écrite et gestuelle répond à cette conséquence de la déficience auditive.
Cependant le projet fondateur reste complètement d’actualité et le Conseil d’Administration de l’Institut des Sourds de La Malgrange a, dans ce sens, défini dans le Projet d’Etablissement de Février 2016 les directives et orientations dans lesquelles l’établissement doit s'inscrire pour les prochaines années, dans le respect des valeurs de l’Association et des exigences réglementaires. La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées réaffirme en premier lieu, deux éléments importants : le droit à compensation des conséquences du handicap ainsi que le droit à la scolarisation et à l’enseignement.
La priorité est ainsi donnée notamment à (cf Pojet d’Etablissement du 5 février 2016):
« L’intérêt des enfants, adolescents et jeunes majeurs déficients auditifs ou présentant des troubles spécifiques du langage, et de leur famille doit être l’objectif principal de l’Institut des Sourds de la Malgrange développé autour de 6 axes prioritaires :
Chaque situation de handicap étant singulière, il doit être nécessaire d’être dans une dynamique d’adaptation et d’évolution permanente des pratiques professionnelles, des compétences, de l’offre de services ainsi que de l’organisation de l’établissement, en cohérence avec les besoins réels des enfants et de leur famille.(Rapport Piveteau).»
En conséquence, une veille institutionnelle doit porter sur l’évolution des publics accueillis, afin de pouvoir proposer à chacun des réponses adaptées, voire de développer des propositions d’accompagnement innovante dans une logique de parcours sans rupture, en cohérence avec la politique nationale « d’une réponse accompagnée pour tous ».
La volonté historique et permanente de l’Institut des Sourds de La Malgrange a été de pouvoir prendre en compte les situations individuelles de chaque élève accueilli et de pouvoir y apporter une réponse de scolarisation spécifique et adaptée. L’ambition de l’établissement a toujours été d’élever en permanence le niveau de scolarisation des enfants et jeunes sourds afin qu’ils accèdent à des formations diplômantes. Cette ambition s’appuie d’une part sur l’expérience institutionnelle et d’autre part sur un plateau technique de professionnels tous hautement qualifiés et expérimentés, enseignants spécialisés CAPEJS (Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement des Jeunes Sourds), Educateurs Spécialisés, professionnels médicaux et paramédicaux. C’est ainsi, qu’à ce jour, six modalités de scolarisation ont été développées et sont proposées en fonction de la situation de handicap de l’enfant. Quelles que soient les modalités de scolarisation mises en œuvre, l’enseignement dispensé suit les instructions officielles et les programmes de l’Education Nationale.
1 - Dans une école de proximité du domicile de la famille, en situation individuelle d’inclusion scolaire.
2 - Dans une école de proximité de l’Institut : Un ou plusieurs enfants sourds ou TSL peuvent être scolarisés dans une classe ordinaire ; ils sont en situation individuelle ou collective d’inclusion scolaire.
3 - Dans une classe de l'Institut externalisée dans une école ordinaire : Tout ou partie des enseignements y sont dispensés aux enfants sourds ou TSL par des professeurs d’enseignement spécialisé.
4 - Au sein de l’Institut : Pour donner à certains enfants la possibilité de suivre un cursus ordinaire malgré leurs difficultés et leur situation de handicap.
5 - Au sein de l'Institut, en classes pour enfants déficients auditifs avec handicaps associés
6 - Au sein d’un dispositif d’enseignement et de pratiques bilingues (LSF/Français) au sein de l’Institut ou en classe externalisée dans le milieu ordinaire.
7- Au sein de l’Institut, en classe délocalisée de l’AEIM, pour enfants présentant une double déficience auditive et intellectuelle.
L’intérêt de ces différentes modalités de scolarisation est de pouvoir permettre à chaque élève la possibilité de passerelles d’un dispositif à l’autre, et d’évoluer en fonction de son projet, de ses capacités et sans rupture dans les apprentissages. Ces possibilités de passerelles garantissent aux élèves des choix non structurants.
Trois compétences professionnelles se mettent en œuvre et s’articulent au sein d’un Projet Personnalisé de Scolarisation pour chaque enfant sourd ou présentant des troubles spécifiques du langage accueilli. Ce projet est défini dans la conjonction des projections familiales et des moyens institutionnels : pédagogique, éducatif et médical/paramédical.
Le Projet Personnalisé de Scolarisation de l’enfant est intégré dans un Plan Individuel d’Accompagnement qui est élaboré en étroite collaboration avec les parents et l’enfant et qui assure, au delà de l’aspect pédagogique, une prise en charge pluridisciplinaire (pédagogique, éducative et thérapeutique). Ce PIA est fondé sur le respect de l’égalité des chances, de l’égal accès à tous à un suivi médicalisé, à un enseignement adapté et à une éducation spécialisée.
Intérêt de ces dispositifs :
Ces diverses possibilités de scolarisation présentent de nombreux atouts :
Le projet éducatif s’attache à favoriser l’accès au langage, à transmettre des conduites socialisées, individuelles et collectives et à proposer des contenus d’éveil, d’information et de culture. La vie quotidienne constitue le cadre majeur du dialogue éducatif. Le travail éducatif participe au dispositif de réussite scolaire.
Selon l’article 6-IV du décret N° 2009-378 du 2 avril 2009, « sous la responsabilité de l’un des médecins attachés à l’établissement, l’équipe médicale et paramédicale met en œuvre les composantes thérapeutiques et rééducatives du projet individualisé d’accompagnement de l’enfant ou de l’adolescent. »
Une surveillance médicale est ainsi proposée à tous les enfants afin de définir puis réévaluer les besoins spécifiques et le projet thérapeutique individualisé qui en découle.
Les différents suivis proposés ont pour objectifs principaux de permettre aux enfants accueillis :
Nous accueillons sur l’année scolaire 2016/2017 413 enfants, des tous petits jusqu’à l’âge de 20 ans, dont 244 enfants atteints de déficience auditive et 169 enfants présentant des troubles spécifiques et sévères du langage.
Nous suivons également, par agrément du Conseil Général de Meurthe et Moselle, 180 adultes sourds dans le cadre de notre Service d’Accompagnement à la Vie Sociale, SAVS. Ce service offre aux adultes sourds une aide à la communication, un accompagnement social en milieu ouvert, un soutien à l’insertion socioprofessionnelle.
L’Institut s’appuie sur un plateau technique pluridisciplinaire de 229 professionnels hautement qualifiés : 98 enseignants spécialisés CAPEJS, 64 éducateurs spécialisés, 21 personnes pour le service médical, paramédical, et 46 personnes pour les services généraux et l’administration.
La taille et la compétence de notre plateau technique, la possibilité d’accueil de 168 places, au sein de l’internat à mission éducative, sont des spécificités de notre établissement ce qui permet de proposer à chaque enfant une prise en charge pluridisciplinaire sur mesure, individuelle et adaptée en fonction du degré du handicap. Cette spécificité confère aujourd’hui à l’Institut une dimension interrégionale et nous accueillons des enfants de 20 départements différents.
Au-delà des différentes modalités de scolarisations proposées, 7 domaines de formations professionnelles sont accessibles en intra du CAP au bac professionnel.
La reconnaissance de l’inter régionalité de l’établissement par les parents, les MDPH et l’ARS est le résultat de notre volonté permanente et infaillible de servir les jeunes et de les faire évoluer au mieux de leurs possibilités, avec des méthodes souvent en avance sur son temps.
Ainsi, l’inclusion des élèves en milieu ordinaire est réalisée depuis 30 ans et nous n’avions pas attendu les lois de 2002 et 2005 sur le handicap pour tisser des liens étroits et signer des conventions de partenariat avec l’Education Nationale et les établissements d’enseignement privé. Nous travaillons actuellement avec 90 établissements du Nord Est. 1 élève sur 2 est suivi à l’extérieur actuellement !
La possibilité de passerelles entre le milieu de l’enseignement spécialisé et le milieu ordinaire est une originalité de l’Institut au niveau National.
Cette possibilité de passerelle est étudiée, proposée et adaptée pour chaque enfant accueilli et répond totalement aux exigences de la loi du 11 février 2005.
Nous obtenons depuis deux années consécutives 83% de réussite aux examens des élèves, que ce soit pour le Brevet des collèges, CAP, Brevet professionnel et Baccalauréats.
Depuis 2002, l’Institut a lancé, à titre expérimental, l’accompagnement des enfants présentant des troubles sévères du langage considérant notre mission de travailler sur les difficultés langagières des élèves, qu’elles soient orales ou écrites. Cette prise en charge des enfants TSL était en cohérence avec les recommandations du rapport RINGARD qui mettait en évidence la nécessité de prise en charge de ces troubles sévères au sein d’établissements spécialisés et que la prise en charge par des enseignants spécialisés pour jeunes sourds était la plus adaptée à ce handicap. Aujourd’hui, nous accueillons 169 élèves présentant des troubles spécifiques du langage.
Concernant notre Centre d’Action Médico Social Précoce spécialisé Déficience Auditive, celui-ci a été crée au sein de l’Institut en 1976 et accueille aujourd’hui 40 tout petits enfants de la région.
Ses principales missions sont :
Le Pôle Linguistique de l’Institut des Sourds de La Malgrange est une plateforme spécifique de ressources qui a pour mission de valoriser, développer toutes les activités de formations internes et externes, de recherches, de développement de méthodes pédagogiques autour de la langue française (orale et écrite) et de la Langue des Signes Française.